Statistiques
De multiples déversements d’hydrocarbures se produisent chaque jour à travers le monde, au cours de remplissage, vidange ou nettoyage de cuves ou de conduites, d’exploitation d’usines, de pipelines, de puits de pétrole à terre. Ces déversements peuvent résulter de défaillances techniques, de négligences, de vandalisme, d’accidents ou de conflits armés.
Certains de ces hydrocarbures, comme ceux qui composent les essences automobiles, sont en partie volatils et dégradables. Ils restent cependant toxiques avant évaporation.
Statistiques
Une estimation statistique détaillée existe pour les déversements
par accidents de stockages, établissements industriels, pipelines,
camions et chemins de fer. Elle était publiée jusqu’en
2000 par l’éditeur américain : Aspen Publisher Inc.,
dans son document : « International oil spill statistics ».
Les données, tirées pour l’essentiel des informations
d’agences de presse, sont très incomplètes pour ce qui
se passe en dehors des États-Unis.
Ces statistiques mettent en évidence certaines années des
pics importants dus à un ou deux accidents majeurs. On trouve ainsi
dans la période 1986-2000 trois pics générés
: par une guerre (1991), une éruption de puits (1992) et par la fuite
d’un pipeline fortement
dégradé (1994).
Après déversement, la plus grande partie s’évapore et le reste est biodégradé pendant son transport lors du ruissellement pluvial, dans les égouts et le réseau hydrographique. D’autres, plus persistants, sont entraînés dans ce réseau et finissent par aboutir en mer, où ils contribuent à la pollution du littoral par des irisations, boulettes et plaques.
En Europe, ces déversements portent sur des quantités unitaires suffisamment réduites pour que l’on ne trouve pas d’images de sites massivement englués, comme pour une marée noire.
Gazoduc reliant les réseaux argentin et chilien
Mais certaines régions du monde, en particulier des estuaires de l’ancien bloc soviétique, sont affectées par ces pollutions de manière quasi-permanente. Le littoral qui les environne est constamment taché de nappes huileuses et de boulettes de goudron, dont la somme peut créer des marées noires localisées.
Ainsi, les multiples fuites sur certains pipelines en mauvais état de l’ancienne URSS ont atteint dans les années 1990 des dimensions telles que l’Union européenne, craignant une pollution majeure des eaux de la mer Baltique, a mis en place un important projet d’aide à la réhabilitation de ces ouvrages.
Les nouveaux États indépendants de l’ex-URSS ont signé en 1999 un accord avec l’Union européenne pour la modernisation et l’extension de leurs réseaux de pipelines. Dans ce cadre, le projet INterstate Oil and GAs Transport to Europe (INOGATE) assure un soutien technique européen aux efforts de réhabilitation, de rationalisation et de modernisation des réseaux d’approvisionnement en pétrole et produits raffinés des pays participants.
En savoir plus
Déversements
d’hydrocarbures en tonnes annuelles dans le monde par l’industrie
et les guerres
La sécurité physique des dépôts et des réseaux de transport terrestre d’hydrocarbures constitue une préoccupation majeure des opérateurs et des autorités. C’est de ce fait un domaine de coopération important. L’Union européenne a ainsi financé à hauteur de 10 millions d’Euros, en 2002-2003, l’étude d’un système de surveillance régionale par satellite pour la prévention des accidents et la détection des fuites dans les infrastructures pétrolières.
Pour l’Académie des Sciences américaine, les rejets de l’industrie et de l’urbanisation continentales sont la principale source des déversements mondiaux d’hydrocarbures.
Réseau de pipelines au Venezuela
Grâce à des réglementations plus strictes et à une prise de conscience de l’industrie, ces déversements sont passés de 2,7 millions de tonnes en 1973 à 1,2 millions en 1981, leur part dans l’ensemble des déversements passant de 46 % à 36 %. L’augmentation de l’activité industrielle a fait remonter en 1989 leur part à 50 % des déversements. Ces données, publiées en 2003 par l’Académie des Sciences américaine dans le document : Oil in sea III: inputs, fates and effects, sont à prendre avec prudence : ce ne sont pas des statistiques mais de simples estimations d’experts.
Pollution par un pipeline
en Alaska à cause d’un geste inconsidéré
Les agences de presse et les bulletins spécialisés américains
ont consacré plusieurs dizaines de pages au mois d’octobre
2001 à un événement exceptionnel : la perforation
par balle
du pipeline qui conduit le pétrole
brut des champs d’exploitation de Prudhoe Bay au port de Valdez.
Il était déjà arrivé une cinquantaine de fois
qu’un tireur en colère ou un peu alcoolisé se défoule
sur le pipeline, sans jamais le perforer. Une des balles de ce tireur-là
a été la bonne. Le trou faisait à peine 1,2 cm de diamètre
mais il se situait juste au-dessus d’une vanne, en bas d’une
colline. Le pétrole a jailli en continu sous pression, à plus
de 20 mètres, pendant les deux jours nécessaires à
la pose d’un anneau d’étanchéité. Au total,
970 tonnes de brut se sont déversées sur un hectare de toundra,
mobilisant 200 personnes et des moyens considérables pour un premier
nettoyage qui a été affiné au printemps, après
le dégel.
Le tireur a été condamné à une très lourde
amende.