Soutien de l’homme à la nature

Face à l’importance des délais du retour à l’équilibre
dans les zones les plus sensibles, l’homme s’est demandé s’il ne pouvait pas aider la nature à aller plus vite, en pratiquant des opérations de repeu- plement, comme il replante des arbustes après des incendies de forêts, ou plus simplement, en facilitant, par des mesures de protection, la repousse naturelle de la végétation littorale et la recolonisation par les animaux de l’estran.

La facilitation de la repousse par des mesures de protection est aujourd’hui couramment pratiquée pour les sites terrestres qui ont été piétinés par les opérateurs du nettoyage du littoral ou dégradés par des passages de véhicules ou des stockages provisoires. La simple protection de ces sites par des barrières, évitant tout nouveau passage de personnes ou de véhicules, suffit souvent à faciliter la recolonisation.

restauration botanique
Restauration botanique

recolonisation naturelle
Recolonisation naturelle : situation en décembre 1999...

recolonisation naturelle
... et en été 2003

La réparation environnementale

La réparation des atteintes à l’environnement
est un sujet complexe, qui fait entrer en jeu des notions d’indemnisation, de remplacement et de restauration. La question de l’indemnisation ne sera pas développée ici, la France n’ayant actuellement pas, à la différence
d’autres pays européens, comme l’Italie, de législation sur le dommage environnemental. La même remarque s’applique au remplacement, pratique consistant à financer, en compensation d’un site naturel dégradé, la protection d’un site équivalent ailleurs.

On observera seulement qu’à travers son adhésion aux Fonds internationaux d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL), notre pays est fondé à obtenir le remboursement d’études d’impact environnemental et, quand c’est possible, de mesures de restauration envionnementale. Ce remboursement s’entend, à condition que les études et mesures soient basées sur des techniques éprouvées et d’un coût raisonnable, en regard de l’importance de la pollution et des dégâts qu’elle a causés.


 

Le repeuplement effectif sur l’estran et en mer pose plus de problèmes. Les connaissances techniques en matière de repeuplement et de réintroduction d’espèces
marines sont très en retrait des connaissances du même ordre concernant le milieu terrestre. Elles portent sur un nombre restreint d’espèces, qui ne constituent
qu’une part extrêmement faible des peuplements naturels et sont souvent des fins de chaînes alimentaires. Or, c’est naturellement par les végétaux et par les animaux du début des chaînes alimentaires qu’il faut commencer les opérations de repeuplement.

Un exemple de problème d’évaluation
de l’impact

(Source : DAUVIN J.C. Surveillance du milieu marin : travaux du RNO
de la qualité du milieu marin, édition 1996)


Les graphiques d’évolution de la biomasse
des peuplements de la baie de Morlaix après la marée noire de l’Amoco Cadiz (1978) semblent se contredire si l’on regarde seulement les quantités
globales. Il faut descendre au niveau d’une
espèce particulière, ou de groupes d’espèces, pour comprendre ce qui s’est réellement passé.

Dans les sables fins, les Ampelisca (puces de mer), espèces sensibles, disparaissent pratiquement pendant deux ans et ne retrouvent leur niveau normal que 14 à 15 ans après la catastrophe.

Dans les sables vaseux, les Lanice (vers annelés) se développent de façon anormale et pullulent dès l’année de la catastrophe ainsi que les 7 années suivantes, avant de revenir à leur modeste niveau antérieur.

ampelliscalanice

En dehors de quelques cas, comme les moules, les coques ou les palourdes, les techniques de réensemencement sont soit inexistantes, soit embryonnaires.
Il n’y a donc pas, en général, de solution opérationnelle préconisable.

Des solutions sont connues cependant pour quelques milieux particuliers. Il existe ainsi des techniques de reconstruction de récifs coralliens, utilisées pour la réparation de dégâts causés par des échouements de navires, qui peuvent être adaptées au contexte de la pollution pétrolière. Il existe aussi des techniques de bouturage de plantes sous-marines (posidonies en milieu méditerranéen) et de plantes des marais (palétuviers en milieu tropical) qui ont fait l’objet d’essais pilotes et pourraient être plus largement appliquées dans des accidents futurs.

D’autres propositions vont voir le jour dans les prochaines années. L’ensemble ouvrira, à terme, un nouveau volet de la lutte contre les marées noires : l’aide de l’homme à la réparation des dommages à l’environnement, une fois les opérations de nettoyage achevées.

 


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