Mythes et réalités

Aussi légitime et compréhensible qu’elle soit, la revendication « Plus jamais ça ! » qui suit chaque marée noire a tout aussi peu de chances d’être satisfaite que les « Plus jamais d’accident ! » demandés après une catastrophe aérienne ou ferroviaire.

Les défaillances intervenues doivent être analysées et la prévention renforcée en conséquence. Mais le risque zéro n’existe pas. Quels que soient les efforts faits, il arrivera encore des déversements accidentels.

« Plus jamais ça ! » est un mythe démagogique.

« Plus jamais comme ça ! » est par contre tout à fait réaliste.

Chaque déversement majeur a conduit à des renforcements de la prévention et de la préparation à la lutte. Même si la pelle et le seau restent des outils essentiels de la lutte contre une marée noire, de nombreux progrès ont été réalisés. La fréquence des accidents a nettement baissé.

La récupération de fioul lourd en mer est devenue possible. L’estran peut être maintenant nettoyé sans aggraver les dommages, y compris avec des machines. La filière des déchets est devenue gérable en flux tendu. Dans tous les domaines, le retour d’expérience a permis d’avancer. Mais la croissance du trafic et des navires, la diversification des cargaisons, ont généré de nouveaux risques, qu’il va falloir apprendre à gérer.




En même temps, la demande publique pour un nettoyage et une remise en état plus rapides et plus respectueux de l’environnement augmente à chaque accident.

Dans tous les domaines, il faudra faire beaucoup mieux pour satisfaire.

Les « paquets » européens Erika

La marée noire de l’Erika a déclenché un train d’initiatives européennes, les « paquets » de mesures « Erika 1 » et « Erika 2 ». Ces paquets étaient en cours de négociation au moment de la marée noire du Prestige. Ils ont été largement poussés par l’émotion que cette nouvelle marée noire a suscité.

Le paquet « Erika 1 », intégralement entré en vigueur en juillet 2003, comprend trois mesuresprincipales :
• un renforcement du contrôle de l’état du pavillon, avec la publication d’une liste noire des navires défectueux ;
• la mise en place de procédures de contrôle des sociétés de classification• des navires ;
• une entente avec l’Organisation Maritime Internationale pour accélérer au niveau mondial la sortie de flotte des pétroliers à simple coque.

Le paquet « Erika 2 », partiellement en vigueur à la rédaction de ce dossier, comprend aussi trois mesures principales :
• la création de l’Agence européenne de la sécurité maritime, fonctionnelle depuis le printemps 2003 ;
• une entente au niveau des Fonds internationaux d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL) sur un fonds d’indemnisation de 3ème niveau (COPE) entré en vigueur en mars 2005, portant l’indemnisation possible dans les pays adhérents à près d’un milliard d’Euros ;
• la création d’un système européen de suivi et contrôle du trafic maritime dans les zones d’autorité des pays membres.

Un troisième paquet de mesures, visant à renforcer la compétitivité des pavillons européens, le respect des règles en vigueur, la prévention des pollutions et la coopération internationale a été proposé en 2005. Il devrait entrer en vigueur en 2006-2007.


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