Réponses

Les réponses à ces différentes préoccupations dépendent de la nature du pétrole, des caractéristiques des sites touchés, des espèces en cause, des circonstances du déversement et de l’efficacité de la lutte. Elles ne sont pas toujours simples. Elles demandent des travaux d’investigation longs, délicats et coûteux. Elles intègrent souvent une large part d’interprétation individuelle.

restes de pétrole vieilli
Restes de pétrole vieilli dans le milieu en l’absence de toutes opérations de lutte

Les informations claires, complètes et rapides qui sont demandées deviennent vite tardives, incomplètes et conflictuelles. Les victimes découvrent avec surprise vite mêlée à de la colère qu’elles ne vont pas recevoir de l’État ou du pollueur des indemnités à la mesure des dommages économiques, sociaux et écologiques subis. Elles vont devoir dialoguer individuellement avec un assureur étranger ou un fonds d’indemnisation
international, en apportant point par point la preuve des dommages supportés. Leur indemnisation ne sera pas basée sur leur perte de revenus, mais sur leur perte de bénéfice, nécessairement bien moindre. Pire encore, l’assureur et le fonds ont chacun un plafond de paiement. Si l’ensemble des réclamations dépasse le plafond disponible, chaque victime ne touchera qu’une part du dommage retenu. Il ne faut donc pas seulement déterminer les pertes immédiates pour que les premiers touchés reçoivent leur dû, mais aussi analyser les demandes portant sur des dommages à long terme.

échantillon de pétrole sous scellé
Échantillons de pétrole sous scellés lors
de la pollution du Prestige


L’achèvement du nettoyage met un terme à l’action des médias. Mais il ne clôt pas le dossier pour ceux qui sont directement concernés. Il s’ouvre sur des années, voir plusieurs dizaines d’années de travaux d’expertise, de conflits financiers et juridiques, de remises en cause techniques, de révisions de textes et de procédures. Il faut étudier le devenir du pétrole resté en mer, analyser l’évolution des stocks et des écosystèmes affectés, traiter de multiples dossiers d’indemnisation, modifier des plans de lutte, réviser des lois et des règlements. Cette implication va porter sur beaucoup moins de personnes que le nettoyage, mais pendant beaucoup plus longtemps.

 

 

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Sur la connaissance des impacts
Une grande crainte après chaque marée noire est l’apparition, à terme, d’impacts de nature insidieuse, non quantifiables les premières années, comme le développement de cancers après une période sans dommage apparent ou, pire encore, d’altérations génétiques touchant
les générations postérieures à la pollution. L’interrogation sur les effets écologiques et écotoxicologiques susceptibles d’engendrer des conséquences plus ou moins lourdes sur l’environnement marin alimente de multiples débats où chacun exploite l’information disponible pour en tirer des hypothèses parfois rassurantes, parfois inquiétantes.

Devant ces interrogations, le ministère français de l’Écologie et du Développement durable a commandé après la pollution de l’Erika un travail sans précédent : une analyse comparée de 17 marées noires survenues dans le monde entier au cours des 35 dernières années pour déterminer quelles études d’impact avaient été réalisées, dans quelles conditions et ce qu’elles nous avaient appris en matière de conséquences sur les écosystèmes touchés.

Ce travail a été défini, supervisé et évalué par un comité de pilotage composé de représentants du ministère et de scientifiques reconnus, d’appartenances très diverses. Le sujet de chaque chapitre a fait l’objet d’un mémoire exhaustif, réalisé en équipe par deux étudiants de DESS ou équivalent, sous l’autorité de deux parrains scientifiques. Ces mémoires ont ensuite été condensés sous forme de projets
de chapitres par une rédactrice spécialisée. Les projets ont été discutés et validés par les parrains et le comité de pilotage, pour aboutir à un ouvrage de référence, d’une réelle objectivité.

L’ouvrage a été publié conjointement par l’Institut océanographique de Paris, le ministère et le Cedre, en 2005, sous le titre « Marées noires et environnement ». Il fait apparaître que les connaissances actuelles sur l’impact sont essentiellement
de nature qualitative et qu’il n’existe pas d’états quantitatifs globaux permettant une comparaison de l’ensemble de deux marées noires. Cela soulève les problèmes importants du financement et du contenu du pilotage des études d’impact.

 


www.marees-noires.com