Sources naturelles d’hydrocarbures

Une marée noire est toujours perçue comme affectant un milieu marin vierge d’hydrocarbures et le pourcentage de déversements issus de « sources naturelles » peut surprendre certains lecteurs.

Diverses zones des mers côtières situées au niveau de bassins sédimentaires érodés ou de failles entre blocs de la croûte terrestre sont le siège de suintements naturels d’hydrocarbures fossiles. C’est le cas, en particulier, sur les côtes de l’Alaska, de la Californie, du golfe du Mexique, du Venezuela, de la mer Rouge, de la mer Caspienne, de l’île de Bornéo, où des irisations et des nappes d’hydrocarbures sont régulièrement observées indépendamment de toute pollution d’origine humaine. Il existe par ailleurs, à l’intérieur des terres et sur certains littoraux, des affleurements de sables bitumineux à partir desquels des hydrocarbures sont entraînés dans le réseau hydrographique ou directement en mer. Ces sites ont été historiquement à la source des premières exploitations humaines d’hydrocarbures.

Les sources bibliographiques consultées s’accordent pour estimer ces suintements naturels autour de 250 000 tonnes par an sur la période 1990-2000, ce qui laisse à l’homme la responsabilité de plus des 9/10 du total des déversements à travers le monde. Il faut préciser cependant qu’il n’existe aucun inventaire exhaustif des sites de suintements naturels et que, par conséquent, leur estimation peut être surévaluée ou sous-évaluée d’un facteur dix. On se gardera donc d’accuser systématiquement l’homme face à une marée noire localisée, des boulettes ou des irisations dans les mares littorales. La nature elle-même peut avoir une responsabilité dans ces phénomènes désagréables.

Le saviez-vous ?

Le suintement naturel de Coal oil point

Le suintement naturel le plus étudié se situe en Californie, près de Santa Barbara, au large du site naturel protégé de la pointe de « Coal oil » (huile de charbon). Il est estimé autour de 150 000 m³ de gaz et 20 tonnes de pétrole par jour. Il a fait l’objet de nombreuses publications de l’Université de Californie.

Connaître les suintements naturels d’hydrocarbures est important. Ils constituent des lieux privilégiés d’information sur l’influence du pétrole sur le milieu naturel.

 


Ils réduisent à sa juste valeur la notion de virginité des sites naturels toujours affirmée quand se produit une marée noire due à l’activité humaine.

L’homme ne peut aujourd’hui ni faire cesser les suintement
naturels qui existent, ni prédire ceux qui vont peut-être apparaître demain. Il peut seulement lutter contre leurs effets lorsque c’est nécessaire, avec les mêmes techniques et les mêmes moyens que pour les pollutions dues à l’activité humaine.

faune luxuriante nourrie de méthane
Par 2 000 m de profondeur, le sous-marin Nautile a découvert des oasis de vie, berceau d’une faune luxuriante nourrie de méthane

Ces suintements d’hydrocarbures minéraux ne sont pas la seule source naturelle d’hydrocarbures dans le milieu marin : la vie est aussi source d’hydrocarbures.De nombreux hydrocarbures sont en effet des constituants naturels mineurs de la matière vivante. Nombre d’huiles et essences aromatiques présentes dans de multiples espèces végétales et animales font partie de ces hydrocarbures biogéniques. À la mort des organismes qui les ont créés, ils sont libérés sur le fond et dans les sédiments. Leur présence dans le milieu n’est pas négligeable, même si ces hydrocarbures sont sans comparaison possible avec les concentrations atteintes lors d’un déversement massif de pétrole.

Le retour à l’état d’origine après une marée noire n’implique donc pas nécessairement une absence totale d’hydrocarbures mesurables dans l’eau et les sédiments. Les hydrocarbures minéraux apportés par le déversement disparaissent, soit par enlèvement mécanique, soit par dégradation en produits intégrables au milieu naturel.

 


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