Confinement et récupération
L’objectif des opérations de confinement et de récupération est de prélever le polluant à la surface de la mer, au large ou près des côtes, avant qu’il n’atteigne le littoral.Au large, ces opérations sont limitées par l’état de la mer et les capacités techniques des navires disponibles. Les navires récupérateurs d’hydrocarbures
en haute mer sont des engins complexes, très coûteux et peu polyvalents. Comme le produit qu’ils récupèrent contient plusieurs volumes d’eau pour un volume d’hydrocarbures, ces navires doivent pouvoir stocker à leur bord des quantités importantes d’émulsion d’hydrocarbures dans l’eau. Le traitement des émulsions par un produit désémulsifiant permet de séparer les hydrocarbures de l’eau et des débris divers emprisonnés dans l’émulsion, allégeant ainsi considérablement les opérations de pompage et de transfert du polluant. Après décantation, le volume de pétrole à éliminer peut être notablement réduit et l’eau de décantation est rejetée dans le milieu.
A bord du navire antipollution français Ailette, confinement et récupération de la nappe de fioul avec le récupérateur Tansrec, novembre 2003, espagne
Aux approches de la côte, dans les baies abritées et dans les zones portuaires, il devient possible d’utiliser des barges de petites dimensions, transportables par voie routière ou aérienne. Leurs performances marines sont médiocres mais leurs capacités techniques de récupération sélective de pétrole (avec un minimum d’eau) sont élevées. Elles sont souvent employées en association avec des barges de stockage portuaires ou des citernes souples spécifiquement conçues pour la lutte antipollution, ce qui permet d’assurer une récupération du produit en continu.
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Récupération en mer
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Récupération du fioul du Prestige
Ces navires et barges spécialisés sont plus efficaces sur des nappes épaisses et continues que sur des nappes fines et dispersées. Ils sont donc souvent exploités en association avec un confinement du pétrole à l’intérieur de barrages. Ils sont équipés de chaluts ou de filets utilisés en mode dynamique (remorqués par deux bateaux) ou en mode statique (amarrés à des points fixes).
À côté des navires et barges spécialisés,
l’expérience des pollutions au large, en particulier par du
fioul lourd, a montré
l’intérêt des navires de pêche pour le ramassage
de petites nappes dispersées. Ces navires, mobilisables par centaines,
peuvent couvrir des espaces de lutte considérablement plus vastes
que les quelques dizaines de navires et barges spécialisés
existants. Équipés de moyens de récupération
simples, proches de leurs outils de travail habituels (chaluts, filets,
épuisettes), les pêcheurs compensent la faible capacité
de récupération individuelle par le nombre et la motivation.
Déchets
pollués récupérés en mer lors de l'accident
du Prestige (en tonnes)
Une performance exceptionnelle
La lutte en mer contre la pollution de l’Erika n’a duré
que 11 jours, avant que la tempête ne dépose les nappes sur
le rivage. La même lutte contre la pollution du Prestige a dû
s’étendre sur 6 mois. 13 navires antipollution et plus de 1200
bateaux de pêche y ont participé, chacun avec son expérience
et ses outils. Ils ont récupéré 55 500 tonnes d’émulsion
contenant autour de 23 400 tonnes de fioul ; une performance sans précédent
dans l’histoire des marées noires. La complémentarité
des navires spécialisés, performants sur des nappes fraîches
(épaisses et concentrées) et les bateaux de pêche (intervenus
plus tard, sur des galettes et plaques éparses, par écrémage),
est évidente sur le schéma ci-dessus.
Récupération en mer