Choc psychologique

L’impact de nappes éparses générées par les petits rejets occasionnels d’hydrocarbures en mer ou dans les fleuves s’exprime pour les usagers en termes de taches de « goudron» et d’oiseaux « mazoutés ». C’est un effet d’engluement par un produit qui adhère aux rochers, aux embarcations, à la peau, au plumage. Mais il y a plus que cela. Des patelles d’une mare littorale fraîchement touchées peuvent perdre temporairement leur capacité d’adhérence, pour la plus grande joie des crevettes et des crabes. Les huîtres d’un parc peuvent prendre un goût de « pétrole » qui mettra plusieurs semaines, voire plusieurs mois à disparaître. Les petites pollutions localisées ont toutes une variété d’effets connus, rarement mortels pour la faune et la flore, mais bien réels et parfois gênants pour certaines activités littorales.

oiseau englué
L’image symbolique : un oiseau englué

Lorsque survient une marée noire, ces effets connus sont aussitôt effacés par une image dramatique : celle d’une « mort noire » qui détruit toute vie sur son passage, laissant derrière elle un désert pour des années, voire des générations. Largement véhiculée par les médias via le cliché d’un oiseau de mer englué, cette image s’imprègne dans nos esprits. Pourtant, quelques mois après, un peu plus d’un an dans les cas les plus graves, les bateaux reviennent de pêche avec des poissons dans leurs filets et des nuées d’oiseaux de mer dans leur sillage. Les champs d’algues sont toujours là, comme les peuplements des mares littorales.

 

Ne restent visibles de la marée noire que des stockages de déchets peu à peu vidés et réhabilités, des vases encore imprégnées de pétrole au fond des estuaires et des taches de pétrole sur les rochers ou falaises. Après quelques années seuls rappellent encore le drame un morceau d’épave ou une ancre gigantesque sur le terre-plein d’un petit port, des photos au mur des cafés, la colère non éteinte des hommes et parfois un grand procès. L’hécatombe annoncée par les scientifiques et les médias au moment de l’accident n’était-elle en fait qu’une dramatisation excessive ? Ou le retour à la normale qu’une simple apparence ? Ces deux questions posent un problème essentiel : le devenir du pétrole répandu dans l’eau.

L’indignation d’un grand journaliste

Introduction du disque « Sauvons la mer », pressé en 1978 au profit des victimes de l’Amoco Cadiz, dite par Roger Gicquel : « De Portsall à Roscoff et au-delà, plus un chant d’oiseau. Le roi le plus sanguinaire de l’histoire n’aurait jamais rêvé d’une telle hécatombe. Il n’y a pas eu de mort d’homme pendant cette marée noire• à la saison de Pâques et pourtant toute vie était niée, engluée. C’étaient le mépris et l’impuissance qui inondaient la côte et le coeur des hommes et des femmes de ce pays. Mépris et impuissance sortis des flancs de l’Amoco Cadiz. Et on ne pouvait pas gifler le salaud qui avait fait ça : c’était un diable international ».

Le saviez-vous ?

Nettoyage des petites souillures

Sur la peau :
étaler du beurre ou de l’huile, l’enlever au bout de quelques minutes. Nettoyer ensuite la peau au savon et à l’eau.

Sur les vêtements :
mettre un peu de pétrole lampant (produit vendu comme combustible liquide pour appareils de chauffage) sur le tissu imprégné afin d’enlever le pétrole.


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